embarcation de fortune
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S : Le Monde – https://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/12/28/plus-de-350-migrants-secourus-au-large-du-maroc_5403005_3212.html (consulté le 4.06.2023) ; le360 – https://fr.le360.ma/societe/immigration-des-passeurs-algeriens-ont-jete-deux-marocains-a-la-mer_OTNWKPATLZDVRGHML3O2CG6VVQ/ (consulté le 4.06.2023).

N : 1. – embarcation (nf) : XVIe siècle, embarquacion, « possibilité d’embarquer » ; XVIIe siècle au sens actuel. Emprunté de l’espagnol embarcación, dérivé de embarcar.
. Nom donné à tout bateau de petite dimension. Louer une embarcation. Spécialement. Petit bateau embarqué à bord d’un navire pour les besoins du service et pour le sauvetage. Mettre une embarcation à la mer.

– de (prép) : IXe siècle. Du latin classique de, préposition qui marquait la séparation, l’éloignement, l’union, l’association, la partition, la conséquence, l’origine, et qui a servi, dès la période classique, dans la langue familière, à renforcer les formes d’ablatif, puis a concurrencé, en bas latin, le génitif partitif et de possession.

– fortune (nf) : XIIe siècle. Emprunté du latin fortuna, « sort, hasard, bonne ou mauvaise fortune, destin », et, au pluriel, « richesses », dérivé de fors, « sort, hasard ». I. Puissance censée dispenser au hasard les biens et les maux. II. Hasard, chance. Chance, qu’elle soit bonne ou mauvaise ; hasard favorable ou défavorable. La fortune des armes,les hasards de la guerre.
▪ Loc. adv. vieillie. De fortune, par fortune, par hasard.
▪ Loc. adj. De fortune, improvisé pour parer à une nécessité urgente. Une installation, une réparation de fortune. Recourir à des moyens de fortune. Marine. Voile de fortune ou, elliptiquement, fortune, voile qu’on établit en surnombre pour pallier la faiblesse du vent, ou à la suite d’une avarie de gréement.

2. Les antécédents du passage illégal entre les deux rives de la Méditerranée remontent loin dans le temps, mais jusqu’aux années 1980 il s’agissait moins de migrer que de fuir une dictature ou une situation politique. C’est ainsi que parmi les Marocains qui s’exilent pendant les années 1960 et 1970, certains partent dans des embarcations de fortune, tout comme des Espagnols se sont occasionnellement rendus au Maroc de la même manière dans les années 1950 pour fuir la dictature de Franco. Bien qu’il s’agissait là de fuir un système politique, nous sommes bien, par la méthode et les lieux, devant un antécédent historique du phénomène harragas.

3. Les dynamiques changent peu à peu à partir des années 1970 au gré du différentiel de développement social, politique et économique entre l’Espagne et les pays du Maghreb, jusqu’au point de rupture du 15 mai 1991, jour où l’Espagne, pays de transit presque obligé, impose l’obligation de visa aux Maghrébins. C’est alors qu’apparaît le phénomène des pateras, ces petites embarcations en bois et sans quille, employées depuis longtemps pour la pêche dans la région et qui commencent à être utilisées par les Maghrébins pour traverser le détroit de Gibraltar.

4. Le passage de la frontière est un phénomène éphémère toujours difficile à saisir en images et donc à diffuser dans les médias, qui doivent souvent se contenter de le représenter au travers de moyens indirects. L’image des pateras et des morts sur les côtes espagnoles est, ainsi que celle des graffitis sur les murs, l’une des manières que les photographes et les journalistes ont d’appréhender et de diffuser la nouvelle réalité migratoire dans toute sa symbolique. La société espagnole, encore habituée à voir les migrants en situation irrégulière comme la réalité lointaine des espaldas mojadas (“dos mouillés”) en Amérique ou des boat people en Asie, découvre sur ses propres côtes comment elle est devenue l’eldorado de tout un continent.

5. Termes à sens proche :

– barcasse : Grosse barque utilisée pour le débarquement ou l’embarquement des voyageurs et des marchandises quand le navire ne peut venir à quai.

– rafiot : Petite embarcation à voile, autrefois utilisée en Méditerranée. Par extension. Fam. Bateau en mauvais état. Un vieux rafiot.

– sabot : Onglon qui recouvre l’extrémité du pied des Équidés. Par extension. Chez les autres mammifères ongulés, ensemble des onglons d’une patte.
Fam. Objet de mauvaise qualité, malcommode, qui ne remplit pas bien sa fonction.
Désigne aussi un navire qui tient mal la mer. Ce bateau est un sabot, il ne fait que rouler.

S : 1. DAF – https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9E0861, https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9D0138,  (consulté le 4.06.2023). 2 à 4. CAIRN – https://www.cairn.info/revue-migrations-societe-2009-5-page-191.htm (consulté le 4.06.2023). 5. DAF – https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9B0418 ; https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9R0255 ; https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9S0033 (consulté le 4.06.2023).

SYN :
S :

RC : balsero ; batelier, -ière ; dos mouillés ; émigrant, -ante ; émigration ; émigré, -ée ; immigrant, -ante ; immigration ; immigré, -ée ; migrant, -ante ; migration ; migration internationale ; migration irrégulière ; passeur, -euse ; radeau ; réfugié, -ée ; réfugiés de la mer.