étranger, -ère
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S : Le Monde.fr – https://cutt.ly/oT3GB (consulté le 4.03.2017) ; MI – https://cutt.ly/if (consulté le 4.03.2017).

N : 1. ÉTRANGER, -ÈRE adj. et n. XIVe siècle. Dérivé d‘étrange.

  • Adjectif : A. Qui n’appartient pas au groupe, à la chose ou à la personne dont il s’agit. 1. Qui est d’une autre nation ; relatif aux autres nations ; autre, en parlant d’une nation. Un ressortissant étranger. 2. Qui n’est pas naturel ou propre à quelqu’un ou quelque chose, qui appartient ou semble appartenir à autrui. B. Qui n’est pas en relation, n’entretient pas de rapports, n’a pas de conformité avec la chose ou la personne dont il s’agit. 1. Qui est sans attaches avec quelqu’un, ne lui inspire que de l’indifférence ou en éprouve à son égard. 2. Qui n’a pas de part à, se tient à l’écart de. 3. Qui n’a aucune notion, aucune connaissance, aucune pratique de. 4. En parlant de choses. Avec quoi l’on n’a pas de relations ; qui ne touche pas, qui laisse indifférent ; qui n’est pas ou qui est mal connu de quelqu’un. Par ext. Qui est sans rapport avec.
  • Nom : 1. Personne qui vient d’une autre nation. Par ext. Personne qui n’appartient pas à un groupe donné. 2. N. m. Pays ou ensemble des pays autres que celui auquel on appartient.

2. La définition de l’ « étranger » était toujours une définition en creux : « celui qui n’est pas … », ce que nous rappelle son origine étymologique, « extraneus ». Le critère visant à définir l’étranger aujourd’hui est le critère juridique de la nationalité : « Sont considérés comme étrangers au sens du présent code les personnes qui n’ont pas la nationalité française ».
L’étranger est jusqu’à ce jour l’exclu par excellence. Exclu des droits politiques, restreint dans ses droits civils et sociaux, ou bien même exclu du pouvoir d’entrer dans le pays (dont il n’a pas la nationalité). Il n’est pas écarté pour autant du système juridique. Au contraire, sa condition est progressivement encadrée en détail par le droit fixant et prévoyant un statut juridique exclusif de l’étranger.
3. Le domaine juridique ainsi créé est appelé « droit des étrangers ». Il régit le rapport entre les individus étrangers et les nationaux ainsi que leur relation à l’État . Il ne faut pas confondre « le droit des étrangers », avec « le droit étranger », qui est la loi étrangère, en vigueur dans un autre pays, mais qui peut se voir appliquée en France, par un tribunal français s’appuyant sur le droit international privé (DIP).
4. ressortissant étranger, ressortissante étrangère, personne étrangère, étranger, étrangère :

  • Personne dont la nationalité est différente de celle du pays où il réside.

5. Cooccurrences :

  • (personne) en situation irrégulière : expulser un étranger ; (bien) accueillir les étrangers.
  • (pays) : aller, être nommé, investir, passer (ses vacances), résider, se réfugier, s’implanter, s’installer, travailler, (aller) vivre, voyager à l’étranger ; partir pour l’étranger ; rentrer, revenir de l’étranger ; être tributaire de l’étranger.

6. Interrelation culturelle : Nous pouvons mentionner le roman L’Étranger (1942) écrit par Albert Camus (1913-1960).

  • Comprendre le titre du livre l‘Étranger de Camus grâce à l’article « Explication de L’Étranger », in Situations I, 1947 de Jean-Paul Sartre : « L’étranger qu’il veut peindre, c’est justement un de ces terribles innocents qui font le scandale d’une société parce qu’ils n’acceptent pas les règles de son jeu. Il vit parmi les étrangers, mais pour eux aussi il est un étranger. C’est pour cela que certains l’aimeront, comme Marie, sa maitresse, qui tient à lui « parce qu’il est bizarre » ; et d’autres le détesteront pour cela, comme cette foule des assises dont il sent tout à coup la haine monter vers lui. Et nous-mêmes qui, en ouvrant le livre, ne sommes pas familiarisés encore avec le sentiment de l’absurde, en vain chercherions-nous à le juger selon nos normes accoutumées : pour nous aussi il est un étranger ».
  • Le premier roman de Camus a été traduit en anglais quatre fois. Dans la version naturalisante de Stuart Gilbert, publié en 1946 sous le titre de The Outsider à Londres et The Stranger à New York, Meursault devient prolixe, moins aliéné. La version très britannique de Joseph Laredo (The Outsider, Londres, 1982) est plus familière et fidèle à la lettre ; celle de Kate Griffith (The Stranger, Washington D. C., 1982) n’est pas fiable. Le poète Matthew Ward (The Stranger, New York, 1988) présente un Meursault taciturne et rend son aliénation plus évidente. Les retraductions de L’Étranger révèlent que la version la plus contemporaine semble plus ouverte à l’altérité.

S : 1. DAF – https://cutt.ly/ga (consulté le 4.03.2017). 2 et 3. TERRA-HN – https://cutt.ly/eT3N1 (consulté le 4.03.2017). 4. GDT – https://cutt.ly/mT3Zn (consulté le 4.03.2017). 5. DC – https://lc.cx/JPHm (consulté le 4.03.2017). 6. LIN – https://urlz.fr/8MMe (consulté le 4.03.2017) ; PSYCHA – https://urlz.fr/5CVx (consulté le 4.03.2017) ; Palimpsestes – https://urlz.fr/8MMy (consulté le 4.03.2017).

SYN :
S :

RC : émigration, expulsé, -ée, expulsion, extranéité, immigrant, -ante, immigration, immigré, -ée, protection internationale.